Un centre d’hébergement à haut seuil de tolérance nommé Le Shack a ouvert ses portes mercredi soir à Cap-aux-Meules afin d’offrir un refuge nocturne aux personnes en situation d’itinérance.
Situé au 690 chemin Principal, l’endroit aussi appelé halte-chaleur
sera ouvert de 21 h à 9 h, sept jours sur sept et ce, durant toute l’année, afin d’accueillir les personnes qui n’ont pas de lieu pour dormir.
Les usagers pourront entrer ou sortir des locaux à tout moment, sans contraintes.
En plus de dormir au chaud, les bénéficiaires auront accès à de la nourriture et à certaines commodités, dont des douches, des laveuses-sécheuses ainsi que des espaces de stockage pour leurs biens personnels.
Deux employés seront toujours en poste pour assurer la sécurité des lieux et intervenir auprès des bénéficiaires.
La halte-chaleur va offrir un endroit sécuritaire, au chaud, pour les gens qui veulent passer la nuit ou encore juste prendre une douche ou manger un sandwich.
La coordination du centre d’hébergement est assurée par le Carrefour Unité, un organisme communautaire de Cap-aux-Meules qui œuvre déjà auprès des personnes vulnérables, notamment par l’entremise de deux travailleurs de rue.
Selon le directeur adjoint, Dany Chiasson, l’accueil à « haut seuil de tolérance » du Shack se distingue des services d’hébergement offerts par La Maison à Damas, un autre organisme communautaire madelinot.
Il y a un cadre qui fait en sorte que certaines personnes ne trouvent pas leur place-là, parce que les gens en état d’ébriété ne sont pas acceptées et que les heures d’accueil sont moins flexibles
, explique M. Chiasson. Notre projet répond à un besoin pour certains usagers des Îles.
La coordonnatrice au réseau local de services du CISSS des Îles ajoute que les animaux de compagnie seront aussi les bienvenus.
Dans le passé, on s’est rendu compte que l’accueil des animaux dans les centres d’hébergement était un enjeu, mentionne-t-elle. Pour certaines personnes, l’animal représente leur contact, leur sécurité, leur sentiment d’amour et,des fois, on leur demandait de s’en départir, donc certaines personnes dormaient dans leur voiture pour garder leur animal.
Durant le temps des Fêtes, du 23 décembre au 3 janvier, Le Shack sera exceptionnellement ouvert 24 heures sur 24, pour pallier la fermeture d’autres ressources communautaires.
L’itinérance : un problème caché, mais présent dans l’archipel
Le Shack dispose de quatre chambres, ce qui permettra d’accueillir plusieurs usagers à la fois.
On serait très surpris qu’il y ait cinq à six personnes en même temps, car le volume de personnes itinérantes n’est pas très important aux Îles
, explique Sara Martinet. On a peut-être cinq ou six personnes qui vivent en situation d’itinérance, mais la problématique, elle est là quand même.
On voit rarement des gens couchés sur le bord de la rue, mais il y a des gens qui vivent dans leur auto, qui vont squatter chez des amis et on a même vu des gens s’abriter dans des entrées de bâtiments, comme à l’hôpital.
Dormir dans une remise en plein mois de janvier aux Îles-de-la-Madeleine, avec le vent, ce n’est vraiment pas des conditions sécuritaires et humaines
, ajoute Sara Martinet du CISSS des Îles.
Le premier portrait régional de l’itinérance publié au début du mois de décembre révèle que 84 personnes itinérantes ou à risque de le devenir ont été recensées entre 2019 et 2021 en Gaspésie et aux Îles-de-la-Madeleine, mais ce nombre pourrait être sous-estimé.
Un service financé par Québec
L’ouverture du Shack est financée par le ministère de la Santé et des Services sociaux, à la hauteur de 240 000 $ annuellement. Cette somme s’inscrit dans l’octroi récent de 15,5 millions de dollars supplémentaires pour répondre aux besoins immédiats en matière d’itinérance au Québec.
Selon le CISSS des Îles, le financement provincial du Shack est assuré jusqu’en 2028, mais il n’est pas indexé, ce qui forcera le réseau de santé madelinot à trouver des sommes pour maintenir le service.
On est déjà en train de travailler sur un plan pour combler ce manque-là dans les prochaines années
, assure Sara Martinet.
LA UNE : Le centre d’hébergement est situé dans une maison unifamiliale à moins d’un kilomètre à l’ouest de l’hôpital de Cap-aux-Meules, à proximité d’autres ressources communautaires. PHOTO : GRACIEUSETÉ CARREFOUR UNITÉ
PAR Isabelle Larose
