Le MAPAQ entend dire non à la Coopérative des pêcheurs des Îles

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    Le ministère de l’Agriculture, des Pêcheries et de l’Alimentation du Québec (MAPAQ) a l’intention de refuser la demande de permis d’achat de homard vivant de la Coopérative des pêcheurs des Îles-de-la-Madeleine.

    La Coopérative avait formulé cette demande après avoir échoué à racheter les actifs de LA Renaissance des Îles, une usine de transformation de homard qui a fait faillite début 2023.

    Elle comptait devenir le sixième acheteur accrédité de homard vivant de l’archipel.

    La Coopérative, qui compte actuellement 35 membres en règle, avance qu’il serait sain que davantage d’acheteurs soient inscrits au Plan conjoint de mise en marché des pêcheurs de homards des Îles-de-la-Madeleine.

    Nos gens se sentent incompris, raconte Olivier Renaud, président de la Coopérative des pêcheurs des Îles-de-la-Madeleine.

    Le MAPAQ estime qu’un tel permis d’achat ne génèrerait que peu de valeur ajoutée dans la région et qu’il viendrait diminuer les volumes d’achat des cinq autres acheteurs de homard des Îles-de-la-Madeleine.

    Une des raisons invoquées par le MAPAQ est que le permis d’acquéreur entraînerait un déplacement des ventes des 35 pêcheurs membres vers leur Coopérative alors que le nombre de pêcheurs de homard aux Îles-de-la-Madeleine demeure stable, et ce, malgré la hausse des captures au cours des dernières années.

    Des arguments qui ne tiennent pas, selon la Coopérative

    Cette intention de refus a été une surprise pour le président de la Coopérative des pêcheurs des Îles-de-la-Madeleine, Olivier Renaud, qui réfute les arguments du MAPAQJ’ai de la misère à comprendre le raisonnement, lâche Olivier Renaud.

    Il rappelle que seulement 20 % du homard débarqué aux Îles-de-la-Madeleine est transformé sur place.

    Il ne comprend pas pourquoi un sixième acheteur de homard viendrait mettre en péril l’approvisionnement en homard des transformateurs madelinots. D’autant plus que le volume des débarquements de homards a presque doublé entre 2015 et 2020, selon les données du MAPAQ.

    Les usines n’ont jamais et ne vont jamais manquer d’approvisionnement aux Îles-de-la-Madeleine. Au contraire, les acheteurs locaux ont intérêt à disposer de leurs produits dans les usines, fait valoir Olivier Renaud.

    Il croit aussi qu’une prise en main collective des pêcheurs de homard pourrait participer à la création de richesse aux Îles-de-la-Madeleine.

    Une coopérative ne peut pas être vendue à des intérêts étrangers, une chose qui nous fait très peur, explique-t-il. Ça nous surprend énormément de nous faire dire que notre projet n’apporte pas de valeur ajoutée quand on vise exclusivement à vendre notre homard sur les marchés québécois.

    Un modèle de gouvernance à revoir

    Avec la faillite de LA Renaissance, Olivier Renaud croit aussi que le modèle de gouvernance de l’industrie de la pêche est désuet. Les pêcheurs de homard et les travailleurs de la mer madelinots ont été particulièrement échaudés par la faillite de LA Renaissance des Îles.

    De telles faillites arrivent environ chaque sept ans, selon Olivier Renaud. Le lien de confiance avec l’industrie est brisé, selon lui.

    On est tanné de subir les contrecoups de ça. On a perdu énormément de confiance dans les modèles de gouvernance de notre industrie , indique-t-il.

    Capture d’écran, le 2023-11-30 à 20.07.54

    Comme le prévoit la Loi sur la justice administrative, la Coopérative des pêcheurs des Îles-de-la-Madeleine a envoyé au MAPAQ un contre-argumentaire.

    Des motifs « faibles » et « aucunement documentés »

    Par écrit, le député des Îles-de-la-Madeleine, Joël Arseneau, juge que les motifs présentés dans l’avis du MAPAQ sont particulièrement faibles et aucunement documentés, alors que l’argumentaire de la coopérative est béton. Il demande au ministre Lamontagne de refaire ses devoirs, d’analyser avec rigueur le dossier et de le faire dans un souci de transparence.

    La Coopérative a aussi reçu l’appui de l’Office des pêcheurs de homard des Îles, qui a remis un mémoire en ce sens au MAPAQ.

    La décision finale reviendra au ministre des Pêcheries, André Lamontagne.

    De son côté, l’Association québécoise de l’industrie de la pêche n’a pas pu nous accorder d’entrevue jeudi.

    Son directeur général, Jean-Paul Gagné, a toutefois indiqué par téléphone que son association estimait qu’un nouvel acquéreur de homard aux Îles-de-la-Madeleine affecterait négativement les transformateurs de l’archipel.

    Il craint aussi de voir diminuer l’approvisionnement en homard des usines de transformation.

    Pour illustrer ses craintes, il demande comment réagiraient les pêcheurs de homard madelinot si Pêches et Océans Canada avait l’intention de délivrer de nouveaux permis de pêche au homard.

    LA UNE : Le MAPAQ a l’intention de refuser la demande formulée par le Coopérative. (Photo d’archive). PHOTO : RADIO-CANADA / ISABELLE LAROSE

    PAR Pierre Chapdelaine de Montvalon