Sept nouvelles épaves retrouvées aux Îles de la Madeleine depuis le début de l’été

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    La situation est plutôt inusitée aux alentours des Îles de la Madeleine. Les pêcheurs et plaisanciers ont l’habitude de retrouver des squelettes de navires, mais rarement autant en si peu de temps.

    Sept dans le même été, c’est quand même exceptionnel, s’exclame Jean-Simon Richard, président du Musée des Îles de la Madeleine, un musée itinérant d’archéologie et d’histoire naturelle.

    Selon lui, l’ouragan Fiona, qui a frappé l’Atlantique et les Îles l’automne dernier, aurait pu déplacer des bancs de sable, dévoilant les navires autrefois ensevelis. Aux Îles, il y a beaucoup de tempêtes, beaucoup de bancs de sable. Les épaves, ça s’ensable et ça se « désable », explique-t-il.

    Il y a quelques épaves qu’on voyait l’an dernier et qui sont complètement invisibles cette année, souligne M. Richard.

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    Cinq de ces épaves sont des petits bateaux, probablement des goélettes, utilisés notamment dans les années 1800. Il y avait beaucoup de naufrages dans ces années-là, entre autres avec l’August Gale. C’est un ouragan qui a fait couler ou échouer soixante bateaux aux Îles, relate le président du musée, M. Richard.

    Les deux autres sont des épaves de plus gros bateaux, pouvant aller jusqu’à 130 pieds de long. Toutes ont été retrouvées à différents endroits dans l’archipel.

    Retrouver des épaves aux Îles de la Madeleine, ce n’est pas très surprenant. Les Îles ont un fort héritage maritime, donc forcément beaucoup de navires ont gravité autour. Et puis, qui dit forte présence de navire, dit potentiellement beaucoup de naufrages également, explique pour sa part Marijo Gauthier-Bérubé, archéologue pour l’Institut de recherche en histoire maritime et archéologie subaquatique. C’est un lieu où il y a fréquemment des tempêtes. C’est aussi un fond marin très dynamique, ajoute-t-elle.

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    L’archéologue est d’avis que de retrouver autant d’épaves dans ce secteur soulève plusieurs questions quant aux événements du passé. Deux théories sont étudiées : il peut s’agir d’un cimetière de bateaux où l’on amenait les navires à la fin de leur vie ou il s’agit d’un secteur difficilement navigable qui a été le théâtre de plusieurs naufrages, raconte la spécialiste.

    Même si l’endroit aurait pu être marqué sur les cartes, ça peut faire partie des hypothèses pour expliquer pourquoi on retrouve autant de navires dans un même endroit, affirme Mme Gauthier-Bérubé.

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    Un cimetière marin

    Les îles ont connu à travers les années des centaines de naufrages en raison des bancs de sable, des rochers, de la brume et des tempêtes au milieu du golfe Saint-Laurent. Le nombre exact de naufrages est impossible à obtenir, n’étant pas répertorié avant les années 1880.

    Le Musée des Îles de la Madeleine a une équipe de plongeurs chargée de partir à la recherche des épaves et de les documenter.

    Ces plongeurs filmeront les épaves, prendront les mesures, vérifieront si elles contiennent des cargaisons, tout en laissant les restes sous l’eau. On regarde le type de clou utilisé, s’il y a des revêtements en cuivre sur la coque qui pourraient nous permettre de dater un peu plus la provenance ou l’époque de ce bateau-là, détaille le président du musée, qui est aussi plongeur.

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    M. Richard espère que des archéologues s’intéresseront éventuellement à ces épaves, qui recèlent des mystères de l’histoire. Parfois, ce sont des tragédies […]. Les îles sont reconnues comme étant un cimetière marin.

    Une fois la découverte déclarée au ministère de la Culture et des Communications, plusieurs scénarios sont possibles. C’est le financement disponible qui va déterminer si un projet archéologique sera mené parce que ce sont d’emblée des navires archéologiques. Ils sont assez vieux pour être classés comme patrimoine, fait valoir l’archéologue Marijo Gauthier-Bérubé.

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    Avec l’érosion et les tempêtes de plus en plus importantes dans l’archipel, ces épaves risquent de se dégrader plus rapidement, estime la chercheuse.

    Selon elle, ces découvertes ont un grand intérêt archéologique et patrimonial. N’importe quel site archéologique qu’on retrouve, c’est un nouveau morceau de l’histoire. C’est un gros puzzle. Et on ne connaît pas le nombre de pièces qu’on a, note-t-elle. On a sept nouveaux morceaux qu’on va pouvoir rajouter.

    Elle encourage la population à toujours déclarer la découverte d’épaves.

    LA UNE : Les Îles de la Madeleine ont été le théâtre de centaines de naufrages à travers les années. (Photo d’archives). PHOTO : COURTOISIE : ALEX WILLIAM MIOUSSE, PLONGEUR.

    PAR Emma Guerrero Dufour en collaboration avec Véronique Duval